Au Rendez-Vous... : Aimée 11/6 (fin)

Publié le par Marie A

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- Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, je vous proclame mari et femme. Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni...

Le cœur empli d’amour et de reconnaissance, Aimée leva des yeux brillant d’émotion sur le visage de son mari. Elle sentait son calme, sa sérénité, son adhésion totale à ce qu’ils venaient de faire. Mais dans le même temps il paraissait si gêné, si confus... Elle adorait le voir ainsi, indécis, incapable de croiser le regard de qui que ce soit, en train de chercher une contenance, en pinçant ses lèvres, en retroussant son nez...

 

Tout était allé si vite, après la double confession reçue par Sœur Bénédicte.

Devant les convictions affichées par Nicolas et Aimée, devant leur besoin évident l’un de l’autre, la religieuse avait abdiqué. Elle avait compris leurs arguments, et accepté l’impensable. Après une longue nuit de prière et de réflexion, elle avait enfin décidé d’appliquer le dicton, et non pas de perdre une fille, mais de gagner un fils.

Alors qu’elle avait à contrecœur ouvert la porte du pensionnat à un suppôt de Satan, son âme avait fini par accueillir avec joie et émotion une brebis égarée.

Mais pour que sa famille en soit réellement une, elle n’avait pu concevoir de se contenter d’un mariage civil. Aimée et le Tsar devaient se promettre assistance et fidélité devant le Seigneur !

Cela avait été sa condition, sa seule exigence pour donner du « Mon fils » à Nicolas. Et elle le leur avait fait savoir avec détermination au petit déjeuner, deux jours après le plaidoyer de sa fille.

Tout d’abord importuné par cet ordre impératif, le Tsar avait commencé par se braquer, par refuser catégoriquement de se livrer à cette mascarade religieuse, lui qui n’avait jamais mis les pieds dans une église. Mais il avait senti sur lui le regard implorant d’Aimée. Il avait vu l’expression attentive, amicale, et même... oui... affectueuse, de Sœur Bénédicte. Et il avait cédé. Il avait convenu qu’un tel serment ne lui coûterait rien, à défaut de lui apporter quelque chose, et il avait donné son accord.

Avec surprise, après un téléphone à la Baronne, il avait alors découvert que grâce au refus catégorique de ses grands-parents de faire de lui un catholique, sa nourrice n’avait eu d’autre ressource que de lui faire donner un baptême protestant, et que son certificat l’attestant était conservé depuis toutes ces années dans les archives du temple où cet office avait été célébré.

Voyant dans cette prévenance de Nanny Marjorie un signe supplémentaire de la Volonté Divine, Sœur Bénédicte s’était alors chargée d’inculquer à son beau-fils des rudiments d’instruction religieuse, pendant que les autres diaconesses de l’école et Aimée organisaient une cérémonie simple et discrète dans la salle de culte du pensionnat.

 

Et c’était ainsi qu’en ce jour de printemps, au milieu d’une vingtaine d’invitées, Sœur Bénédicte ne put retenir quelques larmes d’émotion au moment où son Aimée, son Cadeau du Ciel, cette petite fille bénie que l’Éternel lui avait donnée, jura amour, respect, soutien et obéissance à Nicolas.

Tout en soulevant ses lunettes afin de pouvoir éponger les traces de son émoi, alors que son beau-fils prononçait de sa voix exceptionnelle le « Oui avec l’aide de Dieu » traditionnel, la religieuse adressa à son tour une prière de reconnaissance à son Créateur.

Qui aurait pu imaginer en effet, à part l’Être Suprême, qu’un jour elle éprouverait tant de bonheur, d’espoir et de gratitude à admirer ses deux enfants, vêtus très simplement et sobrement, lui d’un costume sombre et elle d’un tailleur jaune pâle, réunis côte à côte devant l’Autel ?

Tout avait commencé de manière si sordide, les conditions semblaient si insuffisantes pour rassembler ces deux êtres si différents. Mais néanmoins ils étaient ensemble, chacun portait en lui assez d’amour pour surmonter les nombreux obstacles qui s’élevaient devant eux...

« Que le Seigneur vous protège, et vous donne la force et le courage de partager ces terribles secrets qui sont en vous, mes enfants. » murmura-t-elle, en guise de point final à la bénédiction nuptiale, alors que le piano légèrement désaccordé accompagnait d’un cantique la sortie du nouveau couple.

 

 

C’était le 21 avril 1954

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Eh bien voilà, ami lecteur... Lentement mais sûrement tu es arrivé au bout de la seconde partie du roman :


*AU RENDEZ-VOUS DES CARTES GAGNANTES*

 

Merci infiniment pour ta fidélité, et pour les commentaires amicaux laissés à chaque article  !


Si les parcours du Tsar et d'Aimée ne t'ont pas découragé, rendez-vous au début de la troisième partie, à savoir

*Jacques*...

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J
<br /> <br /> J'ai beaucoup aimé cette partie et j'ai hâte de découvrir la prochaine !<br /> <br /> <br /> A plus !<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Tu peux déjà y aller, le premier chapitre est en ligne... <br /> <br /> <br /> Ah, que ferais-je sans vous, et vos commentaires fidèles lecteurs ? <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Pour sûr que l'ami lecteur que je suis a grandement apprécié la lecture... et qu'il est ravi de pouvoir se plonger maintenant dans l'univers de Jacques. <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Que voilà une magnifique nouvelle ! Alors à plus pour un de tes commentaires dont tu as le secret !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />